De 2005 à 2006, une analyse des besoins et évaluation des services d’écoute en milieu scolaire est effectuée par Emilie Rivet-Duval et Cyril Dalais, Docteurs en Psychologie Clinique.
Lors de cet exercice, l’importance de bénéficier de ce type de service en milieu scolaire est mise en évidence.
Une première formation, pratique et théorique, en psychologie et «counselling» est alors proposée de 2006 à 2008 à une soixantaine d’éducateurs.rices, enseignants.es volontaires, pour affiner leurs compétences en écoute et pour offrir ce service à la communauté scolaire.
Cette formation est assurée par plusieurs psychologues et professionnels.les de l’écoute.
Les éducateurs.rices en formation sont en supervision pour réfléchir et analyser leur pratique d’écoute et d’accompagnement.
A partir de 2009, après plus de 450 heures de formation pratique et théorique pour une première cohorte de professionnels.les de l’écoute, les Services d’Ecoute se mettent en place au sein des collèges catholiques.
Une deuxième cohorte sera en formation en 2009 et rejoindra l´équipe de professionnels.les formés.es.
Depuis 2009, des services d’écoute accessibles, réguliers et gratuits sont fonctionnels pour la communauté scolaire : élèves, personnel scolaire et parents/éducateurs.rices.
Ces services sont assurés par une équipe de professionnels.les en psychologie et professionnels.les de l’écoute, en formation continue et en supervision.
En 2023, ils sont en place dans 18 collèges catholiques.
Plusieurs services sont proposés :
- Un accompagnement individuel
- Des animations de groupes thérapeutiques et groupes de paroles : mindfulness, art thérapie, etc.
- Des sessions de sensibilisations/d’informations sur diverses thématiques
- Des équipes de Postvention (EPV) .pour la gestion des tentatives de suicides et suicides complétés.
Environ 18 000 personnes ont bénéficié de ce service, de 2009 à 2021.
Depuis 2009, suite à nos observations et expériences, diverses actions «d’advocacy» sont effectuées auprès de certains ministères/institutions pour :
- créer un poste de ‘school counsellor’ auprès de la « Private Secondary Education Authority » («PSEA»)
- mettre en place un Département de «Counselling» dans chaque collège
- considérer des « increments » pour les enseignants.es formés.es
- allouer un minimum de 15 classes aux enseignants.es formés.es
- améliorer la prise en charge de l’enfant à risque/en danger referé aux instances nationales de protection de l’enfance. Détails ici.
Au fil des années, plusieurs collèges ont dû faire face à des élèves qui ont eu des comportements suicidaires/ont tenté de se suicider/ se sont donné la mort par suicide.
En août 2021, trois élèves se sont donné la mort par suicide, ce qui a suscité de nombreuses réactions de la communauté, de multiples interventions des médias.
Une mort par suicide est source de grande souffrance pour tout l’entourage, avec une composante traumatique qui peut susciter des réactions telles que le choc, la stupeur, l’effroi ou le déni.
Cet évènement traumatique est associé à une forte charge émotionnelle pour ceux et celles qui souffrent : sentiments de forte culpabilité, peur, incompréhension, colère, tristesse et cela peut amener à se poser de nombreuses questions dont celle du “pourquoi”.
- Dans un contexte de mort par suicide, beaucoup de questions se sont aussi soulevées quant à la meilleure manière d’intervenir et de gérer ces situations de crise :
- Le suicide peut-il être prévenu ?
- Le suicide est-il causé par un seul facteur, comme une rupture amoureuse ou l’échec à un examen ?
- Les personnes donnent-elles des signes avant de se donner la mort par suicide ?
- Comment prévenir et intervenir pour éviter le recours à des comportements suicidaires ?
- Comment L’Etat peut-il agir dans la prévention des comportements suicidaires ?
- Où se situe la responsabilité dans l’intervention des comportements suicidaires ?
- Comment gérer une mort par suicide en milieu scolaire ?
- Quelle est la responsabilité de la presse dans la façon de communiquer une mort par suicide vu son impact ?
- A qui réfère-t-on les élèves qui sont à risque de comportements suicidaires en milieu scolaire ?
- Qu’en est-il d’une suivi psychologique régulier sur le long-terme suite à une hospitalisation dans le cas d’une tentative de suicide ?
Plusieurs interpellations sont exprimées par des professionnel.le.s de la santé/psychologie/social dans la République de Maurice depuis plusieurs années pour donner suite à leur expérience et observations sur le terrain:
- La difficulté d’accès aux soins de santé mentale et à la prise en charge : un seul hôpital psychiatrique pour l’ensemble de la population, l’absence de pédopsychiatre.
- Le manque de professionnel.le.s en psychologie dans les collèges (1 ‘educational psychologist/educational social worker’ pour 3,663 enfants dans 1,299 écoles publiques, pré-primaires, primaires et secondaires).
- Au mois de septembre 2021, il n’y a pas de psychologues cliniciens.es au ministère de l’éducation.
- Le manque de groupes de soutien pour les familles et proches endeuillées par suicide est noté.
- Il n’y pas de campagnes nationales sur la promotion d’une bonne santé mentale et des moyens d’y accéder afin de prévenir des comportements suicidaires.
- Il n’existe pas de campagnes d’informations/sensibilisation sur les troubles de santé mentale liés aux comportements suicidaires. Ex: les symptômes de la dépression majeure, un des facteurs à risque les plus importants dans les comportements suicidaires
- Il n’existe pas de plan d’action stratégie Nationale pour la prévention du suicide par le ministère de la santé
Pour chaque victime d’une personne qui se donne la mort par suicide, on estime qu’environ 6 à 28 individus sont directement touchés par ce décès. Les recherches montrent que le risque de suicide augmente significativement dans l’entourage d’une personne qui s’est donné la mort par suicide (famille, camarades de classe, collègues de travail, etc.). En milieu scolaire, les conséquences du suicide peuvent être encore plus grandes. Le phénomène de contagion augmenterait de manière significative le risque d’autres tentatives de suicide ou suicides parmi les élèves (‘Effet Werther’; Philips, D ; 1974 selon Colman, I et al; 2013.).
«A la suite du décès par suicide d’un jeune, on estime que le risque augmente de trois fois ces probabilités que survienne un autre suicide dans l’école que fréquentait la personne décédée…et ce, particulièrement dans les trois semaines suivant le décès. » Seguin et al, 2004,
De multiples interventions dans les médias ont été effectuées par des membres de l’équipe d’AIHD. S’informer, mieux comprendre les enjeux autour du suicide permet de mieux protéger et mieux accompagner. Vous les trouverez ici.
Depuis juillet 2018, l’équipe des professionnel.le.s en psychologie du projet Service d’Ecoute en milieu scolaire, travaille à la mise en place d’un Protocole de Postvention (PPV) et à la formation des Equipes de Postvention (EPV) dans chaque collège pour une gestion appropriée et adaptée dans ces situations à risque/de crise.
L’objectif principal de la mise en place d’un PPV est de réduire l’incidence de contagion du suicide. La formation de certains membres du personnel et personnel de soutien, professionnels de l’écoute et psychologues est essentielle afin que chaque collège ait une équipe formée pour intervenir de manière appropriée et adaptée aux crises suicidaires. A ce jour, 21 institutions scolaires de la République de Maurice sont engagées dans ce projet.
-La mise en place officielle de ces équipes pour la gestion de crises suicidaires sera effectuée en Janvier 2024.
La mise en place officielle de ces équipes contenant le PPV, sera effectuée à la rentrée scolaire 2022/2023.
Dans le cas où l’institution scolaire (ou autre), dans laquelle vous travaillez, serait intéressée à faire partie de ce projet, merci de nous contacter.
Depuis 2009, diverses actions «d’advocacy» sont effectuées auprès de certains ministères/institutions pour :
- créer un poste de ‘school counsellor’ auprès de la« Private Secondary Education Authority » («PSEA»)
- mettre en place un Département de «Counselling» dans chaque collège
- considérer des ‘increments’ pour les enseignants.es formés.es
- allouer un minimum de 15 périodes d’enseignement aux enseignants.es formés.es
- améliorer la prise en charge de l’enfant à risque/en danger qui est référé aux instances nationales de protection de l’enfance
Nos actions de plaidoyer depuis 2009 :